Magali Boisvert, 15 juin 2016
La société d’aujourd’hui a un fil de chandail de laine accroché dans sa montre. Épinglée à la notion que tout ce qui est du passé culturel est forcément meilleur, notre génération est embourbée dans des réinventions, des réécritures, des recylages, des idées déjà éculées à la conception. Le vintage est in, les classiques sont ressortis des tiroirs, la mode est au « hier ». D’où vient cette tendance et comment le monde culturel forge-t-il notre société actuelle ? Un mot : postmodernité.
Si vous avez lu un roman de science-fiction pour adolescent récemment, vous avez peut-être remarqué que la tendance est aux mondes post-apocalyptiques (Hunger Games, Divergence, The Maze Runner…). Cela découle directement du courant social et artistique de la postmodernité. Selon Larousse, il s’agit d’un « concept utilisé par certains sociologues pour caractériser l’état actuel de la civilisation occidentale, dans la mesure où elle aurait perdu confiance dans les valeurs de la modernité […]. » Traduction : nous avons collectivement cessé de croire au progrès, pour plusieurs raisons telles que la dégradation de l’environnement, la guerre et l’impression que tout a déjà été inventé auparavant.
Concrètement, quel en est l’impact sur nos vies ? Nous sommes angoissés lorsque nous pensons au futur, nous diminuons l’importance des artistes contemporains car « ah, les musiciens de nos jours, ils utilisent tous un ordinateur au lieu de vrais instruments, c’est effrayant ! ». Convaincus que toute idée originale a déjà été pensée, les consommateurs de culture sont trop souvent cyniques et désabusés. Les côtés positifs de cette tendance ne sont toutefois pas à négliger : une conscience environnementale s’est développée, ainsi qu’un respect pour l’héritage culturel et une ardeur de vivre. Les jeunes adoptent le slogan « you only live once » pour se pousser à vivre au jour le jour, sans la pression d’un futur plus qu’incertain. Les lettres de noblesse sont de nouveau adressées à des chef-d’œuvres parfois oubliés (comme Troll 2, par exemple). Le nombre de films d’époque mettant en vedette Keira Knightley dans une intrigue d’adultère passionnel atteint des sommets vertigineux (à vous de voir si cela est positif ou non…).
Il est difficile de déterminer si le monde artistique est précurseur de phénomènes sociaux ou si ce sont ces derniers qui influencent l’art, mais une chose est certaine : il est impossible de dissocier les deux. Ainsi, quand vous lisez un livre ou regardez un film, sachez que ce dans quoi vous vous immergez est un reflet de notre société, à une époque donnée. Dans la mer de contenu culturel présenté de nos jours, il est fascinant de dresser un portrait des gens qui nous entourent. C’est ainsi, sans aucun doute, que nous nous sentons si liés à des histoires qui nous sont racontées ; nous pensons qu’elles ne parlent pas de nous, mais elles le font plus que l’on ne pourrait l’imaginer. Et dans ce monde postmoderne, il importe de garder une pensée optimiste et de ne pas être blasé par rapport à la création.