environnement berge changements climatiques
Crédit : Dominic Bérubé

Les constats indiquant que les changements climatiques menacent le territoire et les populations qui l’occupent, les milieux urbains, les zones côtières, la disponibilité et la qualité des ressources en eau, l’agriculture, la foresterie et le tourisme pointent vers la nécessité de réviser en profondeur nos façons d’agir pour s’adapter au climat qui change.

C’est ce qui ressort d’un nouveau rapport publié mardi par Ressources naturelles Canada et réalisé par le consortium Ouranos. Le chapitre sur le Québec du rapport Le Canada dans un climat en changement est présenté comme l’équivalent québécois du rapport du GIEC.

Contenant plus de 700 références, le document aborde les grands risques posés par les aléas climatiques, mais recense également initiatives et bonnes pratiques pour adapter nos modes de vie aux perturbations causées par ceux-ci.

« La science va de moins en moins dans la documentation des enjeux — désormais connus — et de plus en plus dans les solutions : comment mieux gérer les risques, comment s’adapter, comment vivre avec la partie incontournable des changements climatiques » explique Alain Bourque, directeur général du consortium Ouranos.

Bien que la réduction des émissions de gaz à effet de serre demeure une priorité, la « locomotive climatique » est déjà en marche en raison des gaz à effets de serre que nous avons déjà émis. « Malheureusement, une partie des changements climatiques est devenue inéluctable et il va falloir nous y adapter », souligne-t-il.

Au-delà des solutions techniques

En matière d’adaptation, les politiques publiques se concentrent, en général, sur des actions technico-scientifiques qui visent à préserver « les valeurs de nos sociétés actuelles telles qu’elles sont », note le rapport.

Or, des mesures « transformationnelles » imposant des changements plus radicaux dans nos façons d’agir pourraient, dans certains cas, être profitables. 

Par exemple, sachant que les communautés côtières de l’est du Québec feront face à d’importants problèmes d’érosion et à une augmentation des niveaux d’eau, le déplacement des populations riveraines pourrait s’avérer plus efficace que les investissements massifs sur des mesures structurelles telles que des digues, des barrages, des enrochements « qui peuvent procurer un faux sentiment de sécurité n’éliminant pas complètement le risque, » font valoir les scientifiques d’Ouranos. 

Dans le domaine de l’agriculture, plutôt que de travailler sur des méthodes pour modifier les pratiques culturales dans un but de maintenir la même productivité, on pourrait se pencher sur une transformation plus en profondeur du système agroalimentaire et s’attaquer aux pertes et au gaspillage, ainsi qu’aux comportements alimentaires.  

Ce type de transformations est susceptible de provoquer des objections ou des réticences sociales, admettent les auteurs et autrices du rapport. Cependant, elles pourraient générer des avantages sur la santé des populations, le maintien de la biodiversité ou la sécurité économique. 

Faire une place aux sciences sociales

Le rapport note par ailleurs que la recherche actuelle sur les changements climatiques est principalement axée sur la climatologie et ses impacts physiques, alors que les sciences sociales et humaines, telles que la sociologie, la psychologie ou les sciences politiques, sont encore peu présentes.

Or, se limiter à cette approche technico-scientifique empêche d’aborder l’adaptation climatique de manière transversale. Pour assurer la résilience face aux perturbations à venir, « une gestion intégrée et intersectorielle est primordiale », souligne le rapport.

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Angelica Alberti-Dufort, autrice principale du chapitre, observe l’émergence d’initiatives collaboratives et de réseaux autour de l’adaptation aux changements climatiques. « La collaboration entre les différents acteurs (citoyens, décideurs et scientifiques de divers domaines) est une bonne pratique pour l’adaptation climatique. De nouvelles formes d’innovations sociales ressortent dans nos recherches », se réjouit-elle. 

Le rapport cite la municipalité de Saint-Raymond en exemple. Celle-ci est aux prises avec des inondations du centre-ville dues à des débordements de la rivière Sainte-Anne depuis une décennie. Dans les dernières années, des mesures comprenant des interventions physiques, des initiatives d’implication citoyenne et une sensibilisation aux changements dans les comportements individuels ont été réalisées. La combinaison de ces actions a permis le développement d’un esprit de communauté qui atténue les risques et les vulnérabilités face aux inondations.  

Un manque d’investissements

Pour Alain Bourque, les investissements gouvernementaux dans l’adaptation aux effets des changements climatiques sont largement insuffisants compte tenu de l’ampleur des risques qu’ils représentent.

Le Plan pour une économie verte 2030 du gouvernement du Québec, qui est le principal outil de lutte aux changements climatiques, privilégie la réduction des émissions de GES et investit « moins de 5 % » de son budget sur l’adaptation.

Or, stratégiquement, considérant que la réduction des GES doit se faire au niveau planétaire pour réussir à stabiliser le climat, le Québec devrait investir en adaptation « puisqu’on n’a aucune idée si les autres pays vont être aussi ambitieux [que le Canada] et si l’on va réussir à atteindre les cibles », estime le directeur général d’Ouranos. 

« Les gens n’ont peut-être pas encore pris pleinement conscience de l’importance des modifications qu’il faudra faire », conclut-il. 

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