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Plessis, le roman qui défie toute catégorisation, a eu une sortie couronnée de succès en 2022. Photo : Magali Boisvert

Le roman Plessis fait une entrée fulgurante cette année alors que l’enseignant en philosophie au Cégep de Trois-Rivières et résident de Batiscan, Joël Bégin, sort son tout premier ouvrage avec VLB éditeur. 

Un fouillis heureux de vérités et de fictions 

Ce qu’il faut savoir, c’est que Plessis est une œuvre de fiction qui fait appel à de nombreux faits historiques véridiques. Ainsi, le roman revisite et réinvente un événement marquant dans l’histoire québécoise : le décès de Maurice Duplessis à Schefferville en 1959. À la suite de ce qui est annoncé comme quatre attaques cérébrales en 24 heures, on soupçonne que le premier ministre de l’époque aurait plutôt pu être victime d’un acte criminel. 

Pour enquêter sur l’affaire, on fait appel à Paul-Émile Gingras, « le dernier entré dans le corps de police de la Cité des Trois-Rivières ». Le jeune Gingras, quelle coïncidence, étudie au Séminaire Saint-Joseph aux côtés d’un certain « Gégé », alias Gérald Godin, dont le souvenir sera habilement réanimé. 

Un festin de références politiques

Les férus et férues d’histoire politique seront aux anges avec Plessis. À titre d’exemple, dans un passage qui serait une bonne introduction de blague, Gingras entre dans un bar de Québec. Sur qui tombe-t-il ? Sur le futur premier ministre unioniste Daniel Johnson, le journaliste au sombre destin Pierre Laporte et le député René Chaloult, empêtré dans une controverse à propos du drapeau québécois (dont la genèse fait des vagues encore aujourd’hui). Évidemment.

À lire : Brève histoire du fleurdelisé, le drapeau du Québec

Quiconque aime les récits à saveur de complots et d’enquêtes pourra se ravir de suppositions que la femme polonaise de Jacques Parizeau, Alice, née Alicja Poznańska, serait « une médiatrice entre Québec et le gouvernement communiste concernant le rapatriement du trésor ».

En ce qui a trait aux mille références historiques, Plessis est un vrai festin pour l’esprit. On ne peut s’empêcher de faire des recherches sur les faits mentionnés pour départager le vrai du faux, et cela en constitue tout le plaisir. On ne peut également pas quitter cette lecture sans avoir un intérêt supplémentaire envers les coulisses de l’histoire québécoise. 

Des styles hétéroclites

Le style d’écriture de Bégin est en grande partie solide, particulièrement lors des passages du point de vue de Gingras, et parsemé d’incartades stylistiques variées selon les témoins de l’histoire.

Pour ce qui est des dialogues, surtout en début de récit, certains font grincer des dents malgré le plein assentiment du lectorat au contexte historique : « — Godin ! Papou ! Rore Petro ! Avez-vous-tu vu les rosières à ras la source ? Fortuites en crique, pareil ! » Quelques expressions disons… colorées teintent aussi la narration avec des airs de Fred Pellerin : « [L]’une d’entre elles céda et, le temps de crier chiotte, libéra cinquante mille pitounes dans le Saint-Laurent ».

Notons toutefois des perles de langage, comme les passages empruntant le style de Gérald Godin : « [C]’est juste parce que vous avez l’imagination d’une gélinotte que vous battez les chemins mille fois battus de la survivance, si seulement vous arrêtiez de regarder le trou de cul de votre nombril ! » C’est d’une vraisemblance à s’y méprendre.

Un roman aux multiples visages

Le roman ne tente même pas de se caser dans l’une ou l’autre dans grandes catégories livresques. Roman noir, historique ou policier, presque autofiction (puisqu’on plonge allégrement dans la généalogie des Bégin, patronyme de l’auteur) ; les étiquettes ne collent pas à cet objet aux mille facettes. On rit à une page et la suivante nous informe sur le passé nébuleux d’un député unioniste.

L’auteur partage avoir écrit Plessis au départ comme une collection hétéroclite d’écrits, qu’il aurait par la suite rassemblés dans une suite à peu près logique. Par moments, la lecture se fait cahoteuse de par la multiplicité de narrations (d’où les tons et styles différents), mais le personnage de Gingras est assez présent et central pour tisser une courtepointe cohérente. 

Une lettre d’amour au Québec

Plessis s’avère être une lecture riche, truffée de références historiques et de jeux de langage inspirés par un amour évident pour le Québec. Même le lectorat qui n’est pas habituellement attiré par les artéfacts du passé saura probablement suivre ces péripéties avec intérêt.

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